samedi 27 octobre 2012

Amour

Tristesse, colère, dignité, dévotion, contemplation, partage, humanité, tendresse et bien sûr de l'amour dans « Amour », palme d'or du Festival de Cannes 2012, orchestrée par le maître autrichien, Michael Haneke, déjà lauréat du même sacrement cinématographique il y a peu, en 2009, avec son « Ruban blanc ».
Toutes ces émotions, et bien encore, assemblées dans un huis clos surprenant de la part d'un réalisateur identifié dans le registre du film violent, glacial, manipulateur, tendance sadique, qui signe ici un long métrage inclinant cette fois vers un doux bouleversement.

Synopsis : George (Jean-Louis Trintignant) et Anne (Emmanuelle Riva), tous deux octogénaires et anciens professeurs de musique, forment un couple qui s'aime. Profitant de leur retraite dans leur grand appartement parisien, à distance de leur fille (Isabelle Huppert, muse de Haneke), musicienne, installée à l'étranger, ce vieux couple cultivé et solide se retrouve, du jour au lendemain, fragilisé et mis à l'épreuve lorsque Anne présente brutalement un accident vasculaire cérébral. À l'événement s'enchaîne l'accompagnement de George auprès de sa femme.
Dans « Amour », l'un des protagonistes, le célèbre pianiste français Alexandre Tharaud (ancien élève du couple) qui joue ici son propre rôle, rédige une note destinée aux époux, après une visite dans leur appartement, dans laquelle il signifie le « beau et triste moment qu'il vient de passer en leur compagnie ». Ce message transpire à lui seul l'esprit du film et corrobore parfaitement le « beau et triste » à la fois.

Le cinéaste, d'une fidélité redoutable à ses convictions et à sa méthode (brutalité de la mise en scène, incluant des périodes d'ennui, de vide, de frustration et d'irritation, dureté et longueur des plans fixes, photographie très sobre de Darius Khondji, absence quasi totale de bande originale, trivialité des scènes exposées, y compris celles qui le sont hors champs), souhaite avant tout remuer le spectateur et provoquer chez lui la prise de conscience. Il invite en effet ici ce dernier à réfléchir sur les dégradation psychologique et physique provoquée par les méandres de la vieillesse. Du bout de sa caméra, il tutoie les affres du corps atteint par l'âge.

L'art de Haneke rayonne par ailleurs, une fois n'est pas coutume, dans la maîtrise des ellipses, ainsi que des émotions. Tout est dosé au gramme près, selon une recette bien ordonnée. La longueur des silences est très éloquente.
 

 
L'enseignement de cette œuvre, destinée à un public responsable, restera l'injonction de son auteur à prendre la vie et la mort au sérieux. Trintignant et Riva l'ont bien compris dans leur remarquable interprétation des rôles. Il y a fort à parier que l'académie des César le confirme.
Les détracteurs de « Amour » seront sans doute ceux que rebuteront une visite à leur grand mère, refusant d'y voir le miroir de leur sort de mortel !!!!!
Haneke est humain parmi les humains, et il l'assume, pour notre intérêt.

La Bande Annonce d'Amour:



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