vendredi 28 juin 2013

World War Z

Précédé d'un bad buzz incroyable similaire à celui de « Men In Black III » l'an dernier, « Word War Z », adaptation du roman éponyme de Max Brooks, n'aura quasiment jamais terminé d'accumuler les déboires avant sa sortie en salles.
Un authentique development hell, marqué par une pré-production chaotique, un producteur exécutif viré quelques mois à peine avant les prises de vues, des rumeurs de clash sur le tournage entre le réalisateur Marc Forster et l'acteur principal Brad Pitt, également crédité comme producteur du film via sa société Plan B Entertainment, un directeur de la photographie (Robert Richardson) pas dans ses baskets sur ce type de blockbuster, un dernier acte entièrement remanié par Paramount grâce à l'intervention du scénariste « sauveteur » Damon Lindelof (« Lost », « Prometheus », « Star Trek Into Darkness ») et celle de son collaborateur Drew Goddard (scénariste de plusieurs épisodes de « Buffy contre les vampires » et réalisateur de « La Cabane dans les bois ») qui peaufine avec l'aide de Christopher McQuarrie (homme de l'ombre puisque non crédité au générique) la dernière version du script, ayant pour corollaire 7 semaines de reshoots interminables, une date de sortie repoussée de plus de six mois, et un budget final exorbitant, avoisinant les 200 millions de dollars. De quoi faire rager les créanciers !
Les choses n'ont inlassablement pas fini de se gâter lors de la parution en ligne de la bande-annonce, jugée ultra-décevante aux yeux des fans du bouquin, puis la promesse de l'équipe d'assurer une promotion marathon pour limiter la casse en salles (concert géant de Muse lors de l'avant-première mondiale du film à Londres, un Brad Pitt endiablé venu défendre le long métrage corps et âme lors des habituels interviews télés) …
Et pourtant … « World War Z » a connu une improbable success-story ce week-end aux USA en dépassant toutes les espérances au box office national, avec plus de 66 millions de dollars récoltés en 3 jours seulement, et cela bien sûr face à des concurrents mastodontes (le lancement de « Monstres Academy » + les moissons « Man of Steel », « Fast & Furious 6 » et « Insaisissables »). Alors qu'en est-il réellement ?
Synopsis Allociné : Un jour comme les autres, Gerry Lane et sa famille se retrouvent coincés dans un embouteillage monstre sur leur trajet quotidien. Ancien enquêteur des Nations Unies, Lane comprend immédiatement que la situation est inhabituelle. Tandis que les hélicoptères de la police sillonnent le ciel et que les motards quadrillent les rues, la ville bascule dans le chaos …
Les gens s'en prennent violemment les uns aux autres et un virus mortel semble se propager. Les êtres les plus pacifiques deviennent de redoutables ennemis. Or, les origines du fléau demeurent inconnues et le nombre de personnes infectées s'accroît tous les jours de manière exponentielle : on parle désormais de pandémie. Lorsque des hordes d'humains contaminés écrasent les armées de la planète et renversent les gouvernements les uns après les autres, Lane n'a d'autre choix que de reprendre du service pour protéger sa famille : il s'engage alors dans une quête effrénée à travers le monde pour identifier l'origine de cette menace et trouver un moyen d'enrayer sa propagation …
Initialement prévu pour paraître dans les salles le 21 décembre 2012, « World War Z » a été repoussé suite à ses aléas de production, laissant redouter le pire : « Marc Forster was not ze man for ze job ». Et cette crainte devint hélas réalité dès la sortie de projo tant on a l'amer impression d'un film mis en boîte par un homme fragile, étriqué par une machinerie qui le dépasse, et paralysé par son studio omnipotent et peu scrupuleux.
Marc Forster, réalisateur nettement plus à l'aise lorsqu'il s'agit de configurer des drama mielleux teintés d'émotions (« Neverland », « L'Incroyable destin de Harold Crick », « Les Cerfs-volants de Kaboul »), s'était pourtant essayé aux joies et aux difficultés du film de commande sur « Stay », puis avait mis le pied à l'étrier sur un blockbuster de grande ampleur en réalisant les 22ème aventures cinématographiques de l'espion britannique James Bond « Quantum Of Solace » avec le résultat très inégal que l'on connaît : de bonnes idées sur le papier machinalement anéanties par un cruel manque de savoir-faire dans le management de l'action et le maniement de caméras mouvantes. L'exemple le plus probant : la classique séquence d'introduction James Bondienne de « Quantum Of Solace », bien écrite, mais abominable dans son rendu on-screen.
Ici, le support de départ est aussi un roman. Un petit bijou littéraire signé Max Brooks (fils du réalisateur Mel Brooks), du genre horreur post-apocalyptique, publié en 2006 et encensé par la critique. Recensement d'une collection de points de vue individuels sous la forme d'interviews entre l'auteur et les personnages, « World War Z » avait également cette réputation de contemplation du chaos, vision plus que terrifiante et pessimiste du futur de notre planète.
Pas facile donc de traduire ça en langage cinématographique universel. C'est tout d'abord Joseph Michael Straczinski qui signe la première version du script, avec quelques ajouts de Matthew Michael Carnahan. Devant l'insatisfaction générale, c'est ensuite Damon Lindelof qui est appelé à la rescousse par Brad Pitt et la production. Épaulé par son compère Drew Goddard, ils écrivent ensemble un "nouveau" dernier acte et finissent par réintroduire quelques éléments du scénario initial de Carnahan. Un joyeux bordel qui transparaît bien évidemment à l'écran, avec cette sensation de chaos général où chacun y met de sa personne pour sauver le navire – le découpage en plusieurs actes en témoigne – sans réelle conviction, voire pire, parfois accompagné de confusion (les explications probablement limpides dans le livre sur la fameuse « théorie du dixième homme » en charge de contredire et révoquer les neufs autres, mais incompréhensibles dans le film).
Marc Forster reproduit à l'exactitude les défauts luminescents de « Quantum Of Solace » : de réelles illuminations sur le papier (les troupeaux de zombies qui se rassemblent, les hordes d'humains contaminés qui s'empilent telles des colonnes de fourmis pour escalader les murs et franchir les parades des survivants, visibles dans le trailer) pour un résultat brouillon, offrant son lot de facepalms (les CGI immondes des zombies et le design pourri du labo), voire bâclé (l'épilogue monté à la hache, Matthew Fox & David Morse quasi coupés au montage final, les répliques agaçantes de certains personnages qui commentent faits & gestes de Brad Pitt là où un silence aurait été plus judicieux). Autre défaut assez préjudiciable : la classification PG-13 du long métrage outre-Atlantique qui l'empêche de « présenter » convenablement ses créatures, ou leurs faits d'armes (aucune goutte de sang à l'écran, découpages de membres seulement hors champs).
Enfin, gageons un thème musical de Muse (la chanson instrumentale « Isolated System » tirée de leur dernier album studio) trop récurrent et envahissant, même s'il est en parfaite adéquation avec les images.
Attention, « World War Z » jouit heureusement de quelques atouts incontestables : une ambiance frénétique marquée par cet élan anarchique balancé dès les 5 premières minutes de bobine, un rythme haletant qui maintient le spectateur en haleine durant les deux premiers tiers, le pari semi-tenu d'un « zombie movie tout public » aux allures de film – catastrophe truffé de rebondissements assez originaux (le « traitement » versus la zombification), un Brad Pitt qui fait le job, une dimension géopolitique attendue mais nécessaire, caractérisée par la dénonciation de l'inaptitude des gouvernements à gérer l'état de crise, ainsi que quelques séquences qui font mouche comme l'ouverture, vraiment prenante, le passage à Jérusalem, très lisible avec ses nombreux panoramiques, ou encore, celle du crash aérien, vraiment réussie.
Bilan : Mélange des genres pour cette adaptation (« inspiration » si on voulait être pointilleux) cinématographique du roman culte de Max Brooks « World War Z » entremêlant film militaire – zombie moviedisaster moviesurvival – au bilan bancal, somme de quelques éléments inspirés (la réelle inventivité concernant les effets de masse des zombies), soustraits à des abominations irréparables (l'énorme fuck de Paramount à Forster dans l'épilogue).
 
La Bande Annonce de World War Z:
 
 
NOTE: 5,5/10
 
BONUS: plusieurs extraits du film:
 
 
 
Une autre bande annonce:
 
 
 

5 commentaires:

  1. malgré les critiques négatives que je peux lire, je pense que ce film , grande production américaine, pourra me convaincre !

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  2. Je partage en grande partie ton avis, excepté pour le scénario que je trouve bon, sans doute la plus grande réussite du film...même si on peut penser que l'histoire du roman y est pour beaucoup.

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    1. Yes, je pense que le roman y est effectivement pour bcp

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