mercredi 16 octobre 2013

[Interview #1]

Un an d’existence ça se fête ! Pour l'occasion, Cinetrafic (http://www.cinetrafic.fr/) s'est inspiré de mes études pour une interview avec en fil rouge le milieu médical.


- La médecine dans les séries sert plus aux histoires sentimentales alors que dans le septième art, on retrouve plus un univers propre à l'épouvante et au thriller. Comment expliques-tu cette différence ?
 

Les séries médicales reposent généralement sur une trame scénaristique étalée dans le temps, un peu comme … les histoires sentimentales finalement, marquées par des rebondissements, des tumultes, des ruptures, des folies … une sorte de roller-coaster émotionnel avec ses hauts, ses bas et ses virages à 180 degrés.

Le septième art est, quant à lui, plus cloisonné du point de vue de cette temporalité et nécessite d’aller souvent droit au but, ce qui explique peut-être cette différence. Cela est probablement également en lien avec les attentes des spectateurs, certainement plus avides de voir de la chair et du sang, fantasmes évidemment compatibles avec l’immersion dans le domaine médical.

Dans ma spécialité, la psychiatrie, il y a toutes sortes de représentations « symboliques » du grand public. Après tout, l’hôpital psy désaffecté est LE lieu propice à l’horreur (la folie fait peur), avec un ancrage de cette idée dans l’inconscient collectif depuis longtemps.

Et ce gimmick ne se retrouve pas seulement au cinéma, on le voit ailleurs, dans d’autres cultures, je pense aux jeux vidéo par exemple, avec Silent Hill en tête.

Pareil concernant la morgue, unité de lieu qui peut rapidement créer un climat anxiogène (le réveil des morts ?). 


- Quel est le film / série médicale le moins crédible ?
 

Film : Celui qui me vient en tête en premier, L’Expérience Interdite, de Joel Schumacher. Au-delà du postulat inimaginable, il y a beaucoup d’incohérences, de clichés maladroits, d’« erreurs » …

Série : Grey’s Anatomy. Pareil, nombreuses incohérences, de situations grandguignolesques et démentes, de prises en charge à l’ouest, de personnages stéréotypés. Par contre, très juste sur le plan des axes sentimentaux au sein d’un microcosme comme l’hôpital (les relations médecins / infirmières, voire entre deux médecins …).
 

- Et à l'inverse, le plus réaliste ?

 
Film : Vol au-dessus d’un nid de coucou, mais à recontextualiser bien évidemment, les mœurs de l’époque, le fonctionnement institutionnel asilaire, les patients schizophrènes rassemblés dans le même département médical, la distribution des médicaments, etc.

Série : Dr House, pour son respect de la démarche médicale telle qu’elle est conçue dans nos sociétés depuis Hippocrate: la sémiologie clinique au premier plan, en vue d’établir un diagnostic (interrogatoire, inspection, palpation, percussion), l’apport des examens paracliniques réalisés à visée étiologique ou pronostique et la prise en charge thérapeutique qui découle de ces différents temps. Mais beaucoup d’erreurs malgré tout, notamment sur le plan de la temporalité, des accidents qui surviennent en 24h alors que cela prendrait plus d’un an voire plus dans la réalité.
 
 
- Films et séries tv, pour toi qui est le médecin le plus compétent ?


Là encore, Dr House, un flair clinique indéniable, un sens très fin du diagnostic, vindicatif, persuasif, leader, charismatique, parfois hautain, mais pourtant tellement humain.

 
- Donne-nous 5 clichés cinématographiques sur le milieu hospitalier qui n'existent pas dans la réalité

 
1) Celui qui frappe le plus les « vrais » médecins généralement : la réanimation cardio-respiratoire (RCP) avec le massage et l’insufflation (ce qu’on appelle vulgairement le « bouche-à-bouche ») sur des temps quasiment jamais respectés, à savoir théoriquement 30 pour 2 insufflations.

2) Le port de la blouse « ouverte » (Grey’s, Dr House, Urgences, Scrubs…). Devrait être fermée normalement. De manière plus générale, ça permet de rebondir sur les conditions d’hygiène, presque jamais respectées dans les séries / films (toucher le matériel alors qu’on porte des gants, hygiène des mains …).

3) Les différentes spécialisations chez un même médecin. En France, on est cardiologue ou chirurgien ou biologiste, mais pas les trois à la fois, comme ça se voit régulièrement dans les séries US (Dr House par exemple).

4) La temporalité dans l’aggravation clinique chez un patient. Explications : généralement, un patient présente un enchaînement de plusieurs symptômes au cours d’un même épisode dans une série, soit à peu près dans les 12 / 24 / 48h qui suivent l’apparition des premiers signes cliniques, ce qui n’arrive que très rarement dans la réalité, du moins pas dans un délai aussi rapide.

5) Les examens radiologiques (IRM, TDM, Radio pulmonaire …) souvent tenus à l’envers par les médecins / infirmiers, ou sur le négatoscope. Pas vraiment un « cliché » à proprement parler, mais plutôt une erreur.  


- En quelques lignes, écris-nous le pitch d'un film fantastique dans le milieu médical

 
Thomas Augier, brillant étudiant en médecine, voit son monde basculer lorsque sa meilleure amie Elsa, infirmière, tombe brusquement dans une sorte d’état délirant. Peu à peu, l’hypothèse psychiatrique comme origine aux troubles s’infirme et quelque chose de bien plus maléfique semble être présent. Thomas réussit alors à convaincre quelques-uns de ses amis, eux aussi étudiants en médecine, de transgresser les tabous de la science en participant à une séance d’exorcisme dans une morgue, pour sauver Elsa.
 

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