mercredi 9 octobre 2013

[Rétrospective #14] Philadelphia | Jonathan Demme

Philadelphia (1993) | Jonathan Demme
 
Deux ans seulement après « Le Silence des agneaux », thriller multi-visionné multi-récompensé (dont cinq Oscars), Jonathan Demme donne un tournant à sa carrière, en 1993, en réalisant un long-métrage sur un thème encore rarement abordé au cinéma, du moins de manière aussi frontale : le virus du SIDA.
 
Synopsis Allociné : Andrew Beckett, brillant avocat, est appelé à une carrière fulgurante. Adulé par son milieu, rien ne semble pouvoir ralentir son ascension. Mais, le jour où ses associés apprennent qu'Andrew est atteint du sida, ils n'hésitent pas à prétexter une faute professionnelle pour justifier son renvoi. Andrew décide de ne pas se laisser faire et attaque le cabinet pour licenciement abusif.
Inspiré de faits réels (la vie de Geoffrey F. Bowers, avocat séropositif), « Philadelphia » relate l’histoire sombre du licenciement abusif d’Andrew Beckett. Grâce à un scénario ingénieux et bien documenté, Demme aborde deux sujets encore tabous au début des nineties, à savoir le SIDA et l’homosexualité.
 
Audacieuse, la trame arrive à faire coexister deux héros que pourtant tout oppose. Deux protagonistes qui se retrouvent unis pour combattre l’intolérance et l’indifférence au cœur d’un procès palpitant et des plus passionnants qui soient. La mise en scène, fine et délicate, nourrit avec intelligence ce scénario d’exception qui dévoile un drame poignant.
 
La distribution, aussi variée qu’intéressante, est notamment élevée au sommet par deux étoiles hollywoodiennes que sont Tom Hanks (qui vient tout juste de faire grimper sa côte de notoriété auprès du public grâce à ses participations dans les succès « Splash », « Big » et « Nuits blanches à Seattle ») et Denzel Washington (qui, quant à lui, vient d’exploser dans le « Malcolm X » de Spike Lee). Le reste du casting repose sur des atouts solides, notamment le jeune et talentueux Antonio Banderas, interprétant son premier rôle dans un long-métrage américain. Les acteurs, particulièrement crédibles, jouent avec charisme sans jamais verser dans le pathos ou les stéréotypes. L’audience professionnelle remettra d’ailleurs l’Oscar et le Golden Globe du meilleur acteur à Tom Hanks pour sa brillante et touchante performance.
 
Portées par des dialogues éloquents et profondément humains, les séquences s’enchaînent avec fluidité entre douleur morale et gain d’espoir, pour finalement briser nos cœurs, totalement déchirés entre un sentiment d’impuissance et de révolte.
 
La bande originale est la véritable force du film. Jonathan Demme a su s’entourer des meilleurs et notamment du boss Bruce Springsteen. Le fameux titre « Streets of Phildelphia » lui vaudra le convoité Oscar de la meilleure chanson.
 
Plus qu’un combat juridique, « Phildelphia » est une saisissante affirmation de la discrimination ambiante (encore malheureusement présente de nos jours) qui livre un message de respect et de tolérance. Plaidoyer d’exception, les larmes des personnages résonnent tels de profonds cris qui clament l’acception d’autrui tout en évitant de lourds clichés.
Chef d’œuvre du début des années 1990, « Philadelphia » ne laissera personne indifférent.
Article écrit par Cléa Carré

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