dimanche 8 décembre 2013

Bad Grandpa

Bientôt plus de treize années d’activité pour l’équipe de « Jackass », l’émission phare d’MTV. Est-ce d’hilarité ou de consternation que l’on grimace devant leurs défis extrêmes ? Entre trash irresponsable et gags à l’humour vaseux, la formule reste bankable et forte d’un succès immense de l’autre côté de l’Atlantique, sur le petit comme sur le grand écran. Trois longs-métrages plus tard, l’acteur Johnny Knoxville crache le morceau : le quatrième épisode de ses (més)aventures sera intégralement consacré à son personnage de vieillard.
« Bad Grandpa », sur le papier, c’est l’aventure d’Irving Zisman, un octogénaire veuf à qui sa fille, condamnée à une peine de prison, remet la garde de son petit-fils âgé de 8 ans, Billy. Estimant ne pas pouvoir assumer ses fonctions de grand-père responsable, il décide de traverser les États-Unis pour remettre l’enfant à son père. Un voyage semé d’embûches et de rencontres parfois improbables.
A l’écran, on déplore vite la façon dont la trame semble se broder au hasard des caméras cachées. Réduisant au quasi-néant leur volonté de raconter une histoire, Jeff Tremaine (réalisateur) et Johnny Knoxville (co-scénariste et acteur principal) ne s’y rattachent qu’en tant que prétexte faiblard qui justifierait un nouveau florilège de pièges. On peut lui reconnaître une relation de substitut paternel convenablement installée et qui prend son temps jusqu’à, très brièvement, susciter une émotion plutôt chaleureuse en fin de course. Mais quel calvaire de deviner le reste du temps les traits grossiers d’une non-intrigue au moins poussive quand elle n’est pas franchement dispensable.

Comble de la déconfiture, le
trash tape-à-l’œil redevable à la team Jackass a un mal surprenant à prendre ici son envol. Sages et pudiques, les faux débordements de Knoxville, même accompagné de son nouveau partenaire, n’ont plus grand-chose du pavé dans la mare puritaine qui a forgé sa réputation. A l’aise en vieillard, il enfile les casquettes qu’on lui connaît. Gaffeur, dragueur lourdingue d’un autre temps, pétomane... il culmine aussi logiquement dans tout son talent d’amuseur – le jeune Jackson Nickoll défendant lui aussi sa part du gâteau – mais son Art sent le réchauffé, quand il ne laisse pas de marbre, ou va jusqu’à gêner carrément.
Il en reste un étalage d’humour gras, pot-pourri souvent insignifiant que Tremaine défend par une mise en scène pourtant efficace, stylisée et visuellement agréable, particulièrement au cours d’interludes au ton rassurant. Suppléés par une BO soignée et fraîche, on s’amuse entre plans carte-postale qui n’alourdissent pas le récit, et l’on ne se refuse pas l’esquisse d’un sourire devant les jolis clins d’œil ponctuels, notamment ceux de Knoxville adressés à lui-même.

A noter, les références comiques (une déclaration d’amour endurante et évidente à un film dont on taira le nom, ne trahissons pas la surprise) qui donnent aussi un cachet savant et humble à l’ensemble, sans bien sûr en éclipser le grand-guignolesque général assommant.
D’autant que la concurrence est rude ; pour « Bad Grandpa », se soustraire à la comparaison avec « Borat », autre road-trip piégé qui dresse un portrait amer des USA, est impossible. Souffrir de l’analogie l’est encore plus. Knoxville et Baron-Cohen sont différents, mais la recette fonctionne incontestablement mieux lorsque c’est le second en nigaud Kazakhe que l’on suit ; et nous étions en 2006.

Bilan : Pas moyen d’apprécier « Bad Grandpa » au même niveau que les plaisirs coupables qu’étaient ses prédécesseurs dans la série des longs-métrages Jackass. Entre une prudence frustrante à dépasser les limites, et une persistance dans le réchauffé scato (le masochisme de voyeur en moins), cette quatrième aventure agace ; d’autant que le récit concocté pour l’occasion n’est qu’une toile de fond inconsistante et à la mise en scène ironiquement plus inspirée que ses propres scénettes. Malgré l’incorrigible Knoxville et les quelques idées qui font mouche, « Bad Grandpa » manque le coche et s’oublie bien vite.
Anecdote (source : Allocine.fr) : Pendant le tournage de « Bad Grandpa », Johnny Knoxville devait subir 3h entières de maquillage pour prendre l'apparence d'Irving Zisman ! Et pour les séquences où l'acteur doit enlever son t-shirt, cinq heures de maquillage étaient nécessaires.
La Bande Annonce de Bad Grandpa :
 
NOTE : 3/10
 
Article rédigé par Douglas Antonio.

1 commentaire:

  1. C’est sans l’ombre d’un doute que je dirai que cette comédie est super, car il mélange humour et originalité.

    RépondreSupprimer